Une question se pose : est-ce que les objectifs visent à générer un développement professionnel et personnel des équipes, une amélioration de l’organisation, ou contrôler des pratiques et des prescriptions ? Cette question traverse bon nombre de systèmes éducatifs et conduit à des débats virulents et parfois une grande confusion.
La démarche d’auto-évaluation peut servir à
Préparer l’inspection
Elever le niveau d’exigences
Contribuer au développement professionnel
Construire des compétences collectives pour mieux gérer le changement
Il est possible de considérer la démarche d’auto-évaluation comme une démarche d’amélioration continue éloignée des cultures de la performance qui tendent à confondre obligation de rendre compte prescriptive et construction d’une responsabilité professionnelle partagée pour l’amélioration de la réussite des élèves. Toutefois, la démarche d’auto-évaluation peut être justifiée pour :
Des motifs économiques : elle est moins chère que le développement systématique d’inspections relativement coûteuses en moyens humains
Des motifs de rendre compte : les établissements doivent apporter la preuve aux partenaires de l’école (notamment les parents) comme les autorités académiques qu’ils sont efficaces et performants
: pour s’améliorer, les membres d’une communauté scolaire ont besoin d’évaluer leurs besoins et aussi les objectifs qu’ils souhaitent poursuivre
Ces motifs ne s’excluent pas mais ils peuvent générer des tensions dans la manière dont ils sont interreliés. Par exemple, une obligation de rendre compte induite par des facteurs externes comme la concurrence entre écoles, des comparaisons entre établissements, une pression à la performance sur les enseignants, peut entrer en contradiction à la volonté d’une dynamique réelle de changement et d’un développement professionnel continu. Le débat réside dans l’articulation entre auto-évaluation, obligation de rendre compte, et dynamique de changement. Pour les uns, cela passe d’abord par l’audit et l’auto-évaluation est utilisée comme un mécanisme pour tenir les enseignants comptables de leur travail en contrôlant leurs pratiques pédagogiques et leur performance. Cette forme de performativité panoptique conduit à une politique prescriptive en termes d’amélioration continue. Pour d’autres, l’auto-évaluation est une occasion de dialogue professionnel et de pratiques collaboratives à partir d’un bilan des réussites et des échecs passés. De même, la façon dont l’inspection externe et l’auto-évaluation sont perçus par les membres de la communauté éducative dépend largement du contexte. Il est reconnu par la littérature de recherche que le chef d’établissement joue aussi un rôle important dans la construction des cultures scolaires, et donc dans la façon dont la démarche d’auto-évaluation sera ressentie par les enseignants.
L’auto-évaluation comme contrôle
Elle est prescrite
Elle n’est réalisée qu’une fois
Elle fournit une image statique
Elle prend du temps
Elle est centrée sur le rendre compte
Elle est basée sur un cadre rigide
Elle utilise un minimum de critères prédéterminés
Elle peut se détourner de l’enseignement et des apprentissages
Elle évite les risques
L’auto-évaluation comme développement professionnel
Elle se construit par le bas
Elle est continue
Elle offre une image dynamique
Elle est économe en temps
Elle est centrée sur la dynamique de changement
Elle est flexible et spontanée
Elle crée ses propres critères
Elle améliore l’enseignement et les apprentissages
Elle permet la prise de risque
Source. MacBeath, J. (2006) School inspection and self-evaluation: working with the new relationship. London: Routledge.