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  • Photo du rédacteurRomuald Normand

L’enseignement des mathématiques en Finlande


Le succès des résultats à PISA dans les mathématiques en Finlande s’explique par les sérieux efforts faits par ce pays depuis la fin des années 1980 pour réformer cet enseignement et les conditions d’apprentissage des élèves, des réformes qui ont fortement associées les enseignants eux-mêmes. Un important projet le LUMA (LU renvoyant aux sciences et MA aux mathématiques) a été mis en œuvre par le Bureau National de l’Education, et coordonné par l’Université d’Helsinki, de 1996 à 2000, pour renforcer les connaissances et les compétences en mathématiques et l’enseignement des sciences. De 2014 à 2019, un autre important projet de développement national de l’enseignement des mathématiques a été conduit cette fois par le ministère de l’éducation.

Une réforme des contenus scolaires en mathématiques s’est opérée en 1994, les enseignants finlandais étant invités à contribuer à ce développement même s’ils n’étaient pas tous spécialisés en mathématiques. Le principe dominant, comme méthode et contenu, était la résolution de problèmes, au-delà des exigences logiques, avec une insistance sur les compétences des élèves à penser par eux-mêmes et le développement des méthodes de coopération dans les apprentissages. En plus, était décidé de mettre en œuvre des modèles de manipulation permettant aux élèves de former des images et des concepts mentaux corrects au travers d’une série d’exercices facilement produits et peu chers. Les plus récents travaux de recherche en éducation et en psychologie ont été aussi mobilisés. Plus récemment, les programmes scolaires ont repris ces différentes idées, en insistant sur le fait qu’il était important de développer la confiance et une attitude positive parmi les élèves.

Ces aspects affectifs de l’enseignement des mathématiques sont aussi mis en avant dans les programmes de formation des enseignants, de même que les dimensions cognitives de l’apprentissage. L’usage d’un matériel et de modèles didactiques concrets pour améliorer la compréhension des concepts fondamentaux est aussi une composante essentielle tandis que les enseignants peuvent travailler en petits groups et faire des expérimentations en classe pendant leur stage. Les questions de résolution de problème, de sens du raisonnement, de processus de pensée et de réflexion par les élèves sont abordées avec les stagiaires, particulièrement pour identifier les difficultés des élèves, par exemple lorsqu’ils apprennent à compter en base 10. On insiste aussi sur les méthodes de communication orale et de coopération dans la classe, le travail entre pairs et en petits groupes. Une attention particulière est accordée aux élèves à besoins particuliers et ceux qui présentent de grandes difficultés en mathématiques (dyscalculie, fausses représentations, besoins d’un soutien additionnel).

Les manuels de mathématiques sont particulièrement utilisés dans l’enseignement des mathématiques, particulièrement au primaire, et ils sont produits par les enseignants eux-mêmes, avec des ressources variées et des idées pour travailler en groupe et sur projets. Ils fournissent aussi des exercices de base ainsi que des tâches plus compliquées pour les élèves les plus avancés. Les manuels sont rédigés pour les apprentissages des élèves et comme source de motivation. Ils permettent aussi des exercices individuels dans la classe où chaque élève peut aller à son rythme. De plus en plus de ressources sur ordinateur sont utilisés par les enseignants finlandais. Au-delà des manuels pour les élèves, des manuels pour les enseignants sont élaborés pour les accompagner au quotidien dans leurs pratiques de classe. L’idée est que ces manuels les aident à concevoir leurs leçons en mathématiques. Sont ainsi juxtaposés des ressources pour l’enseignant et des exemples diversifiés d’exercices et leurs solutions correspondant à une situation problème.

Les enseignants de mathématiques sont assez traditionnels dans leur approche des mathématiques même s’il leur arrive d’adopter des pratiques innovantes. Une tradition veut que les cinq premières minutes de la séquence soit dévolue au calcul mental et les enseignants disposent d’une variété de ressources pour ces exercices mentaux. Le travail à la maison joue un rôle particulier en ce sens que les enseignants s’assurent que le travail a été fait et que les tâches ou les exercices difficiles sont expliqués par ceux qui ont réussi aux autres membres de la classe. En conséquence, les élèves peuvent disposer d’énormément de retours sur leur travail à la maison qui reste toutefois moins élevé que la moyenne des pays de l’OCDE.

Les principes de l’évaluation des élèves ont aussi fait l’objet de réformes. L’auto-évaluation des élèves, bien qu’idée nouvelle, a été rapidement adoptée par les enseignants dans les années 1990. Les enseignants de primaire sont capables de concevoir des évaluations régulières et l’évaluation est considérée comme un processus normal d’apprentissage. Les enseignants sont bien formés à ces méthodes dès la formation initiale.

Source : Krzywacki, H., Pehkonen, L., & Laine, A. (2016). Promoting mathematical thinking in Finnish mathematics education. In Miracle of education (pp. 109-123). SensePublishers.

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