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Changements dans la gouvernance scolaire et redéfinition des rôles et des identités pour les chefs d


Au Portugal, les interventions des autorités publiques dans le but de renforcer le rôle des responsables d’école s’inscrivent manifestement dans la mouvance de la NGP : la gestion scolaire est de plus en plus perçue comme un domaine spécialisé; la tendance à « gouverner par contrat » s’accentue, ce qui se voit dans les politiques d’embauche que le gouvernement central justifie afin d’encourager les accords en matière d’éducation et la coresponsabilité; la surveillance de l’administration scolaire est également accrue, notamment par le suivi et l’évaluation des résultats scolaires effectués par l’agence d’inspection (Carvalho, 2016). En ce qui concerne la première tendance, nous évoquons la « différenciation » de la gestion scolaire en tant que domaine spécialisé afin de mettre en exergue la nature particulière et unique du métier de responsable d’école au Portugal, ce qui s’observe à travers trois interventions des autorités publiques :

Premièrement, on a créé une structure unique de gestion scolaire. En mettant l’accent sur les effets d’un leadership fort sur la qualité de l’enseignement et en tâchant de motiver la participation des communautés dans la gestion stratégique des écoles, les autorités publiques ont introduit la figure du responsable d’école, s’éloignant ainsi de la tradition du comité de gestion scolaire qui existait depuis 1974. Ce choix constitue un bon exemple d’application de la NGP, en ce qu’il illustre la tendance à donner davantage de pouvoir et de responsabilités aux hauts dirigeants dans les sphères publiques. Dans cette structure unique de gestion, le responsable d’école se voit confier plus de pouvoir, mais aussi plus de tâches administratives, de fonctions de direction et de travail d’évaluation, en comparaison avec les autres enseignants. En même temps, une formation spécialisée en gestion scolaire et éducative est désormais exigée pour le poste de responsable d’école.

Deuxièmement, les groupes scolaires ont été fusionnés, réunissant des écoles de différents niveaux (primaire et secondaire) sous une seule structure de gestion et un seul responsable, dans le but premier de renforcer la collaboration entre écoles. Il convient de mentionner que, depuis le début du siècle, ce sont près de 4700 unités scolaires (avec leurs postes de haute direction respectifs) qui ont disparu (CNE, 2014).

Troisièmement, en 2007, le département de l’Éducation a créé la Commission scolaire, une agence de consultation gouvernementale se penchant sur les politiques éducatives au sein de laquelle les responsables d’école jouent un rôle institutionnel (du moins de manière symbolique) dans la gouvernance du système scolaire.

Bref, les changements susmentionnés dans les politiques publiques en matière de gestion scolaire et leur convergence avec les orientations de la NGP font du Portugal un exemple intéressant pour observer et étudier les processus entourant la redéfinition des rôles et des identités des responsables d’école.

Auteurs : Sofia Viseu, Institut de l’Education, Université de Lisbonne

Luís Miguel Carvalho, Institut de l’Education, Université de Lisbonne

Extraits de Louis LeVasseur, Romuald Normand, Luis Miguel Carvalho, LIU Min, Dalila Andrade Oliveira, (dir.) (2019) Les politiques de restructuration des professions. Une mise en perspective internationale et comparée, Presses de l’Université Laval, Québec. (à paraître)

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