Plutôt que de développer la collaboration pour l’enseignement et l’apprentissage des élèves, beaucoup de groupes enseignants conçus sur une base formelle se conforment à la règle plus qu’à l’esprit des réformes pour améliorer la réussite des élèves. C’est aussi parce que les administrateurs et les chefs d’établissement échouent à comprendre les principes qui ancrent le travail des communautés d’apprentissage professionnel en contribuant à orienter le travail dans des directions qui sont peu bénéfiques pour le développement professionnel. Ils créent alors des routines organisationnelles qui interfèrent avec des possibilités de favoriser l’apprentissage entre pairs et d’utiliser les ressources de manière adéquate.
L’enjeu est pourtant de transformer la culture professionnelle en respectant un certain nombre de conditions :
Des normes de collaboration qui rompent avec la tradition d’autonomie pédagogique et la privatisation des pratiques dans la classe pour ouvrir les classes à l’observation entre pairs et au retour d’expériences, en étudiant plus spécifiquement la relation entre l’enseignement et les apprentissages des élèves. Alors les communautés d’apprentissage professionnel deviennent des lieux d’amélioration de l’enseignement et de la réussite des élèves. Le turn-over des enseignants, surtout dans un climat scolaire défavorable, est souvent préjudiciable au travail collectif dans la durée alors que les pressions externes freinent souvent les possibilités de coopération et de cohésion en interne
Des actions centrées sur l’amélioration de la réussite des élèves : quand les enseignants utilisent les données de l’évaluation, qu’elle soit sommative ou formative, comme dans l’évaluation pour les apprentissages, ils sont mieux à même d’adapter efficacement leurs interventions pour satisfaire les besoins des élèves. Ils apprennent ainsi ce qui marche et peuvent changer ce qui ne marche pas. L’approche essentiellement centrée sur l’application des programmes scolaires à tout prix détournent les enseignants des possibilités de juger en situation ou en contexte des activités et des résultats des élèves et des moyens de réduire les écarts. Au contraire, les communautés d’apprentissage professionnel, en facilitant l’émergence d’un jugement collectif et partagé, permettent de mieux prendre en compte les besoins des élèves et d’analyser plus finement l’étendue de leurs connaissances et compétences
L’exploitation de diverses sources de connaissances : les communautés d’apprentissage professionnel permettent de profiter de l’expertise des collègues à travers des échanges formels ou informels (réunions, emails, etc.) ou des expérimentations communes à travers lesquelles seront conçus et développés des outils et des connaissances spécifiques, qui vont permettre d’accompagner les activités d’enseignement et d’apprentissage dans les classes. Alors que les enseignants débutants dans les établissements difficiles sont souvent confrontés à une limitation de l’accès aux ressources et à l’expertise, les communautés d’apprentissage professionnel permettent de construire des liens entre enseignants novices et enseignants plus expérimentés.
Une responsabilité partagée sur la réussite des élèves : plutôt que de considérer que la réussite et l’échec dépend seulement de l’attitude des élèves, de l’environnement social de l’établissement, des mauvaises relations avec les familles, les communautés d’apprentissage professionnel permettent d’apporter une réponse collective aux problèmes en facilitant une prise de responsabilité collective plutôt qu’individuelle.
Une stratégie professionnelle plutôt d’un cercle vicieux bureaucratique : plutôt que l’imposition de normes, de cahiers des charges contraignants, de check list fastidieuses, les communautés d’apprentissage professionnel facilitent la prise de risque et d’initiatives, en développant des solutions « bottom up » pour le changement et l’innovation, dans le but de changer la culture et les pratiques d’enseignement. Plutôt que la conformité aux règles assortie d’un contrôle, il est préféré la confiance mutuelle, l’association à la prise de décision, et le partage des données de l’évaluation pour définir une stratégie commune. Est visée ainsi le développement d’un nouveau professionnalisme.
McLaughin M.W. , Talbert J.E. (2007) Building professional learning communities in high schools : challenges and promises practices” in L. Stoll, K. Seashore Louis (eds.) Professional learning communities. Divergence, depth, and dilemmas, Berkshire, England, Open University Press.