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  • Photo du rédacteurRomuald Normand

L’effet des évaluations sommatives sur les élèves et l’enseignement : un état des lieux de la recher


L’EPPI-Centre (Evidence for Policy and Practice Information and Co-Ordinating Centre) de l’Unité de Recherche en Sciences Sociales à l’Institut d’Education, Université de Londres a conduit des revues systématiques de la littérature de recherche sur l’évaluation sommative. Avec son soutien, les chercheurs Harlen et Crick ont synthétisé en 2002 19 études majeures pour identifier l’impact de l’évaluation sommative sur la motivation des élèves pour apprendre.

Ces chercheurs faisaient remarquer, à la suite de l’introduction des évaluations nationales en Angleterre, que les élèves les plus faibles avaient tendance à avoir une moins bonne estime de soi que les élèves qui réussissaient bien aux tests. Cette perception négative diminuait les efforts suivants des élèves et leur réussite scolaire. Mais, encore plus, les pratiques d’enseignement et les activités pédagogiques associées à cette passation des évaluations nationales désavantageaient les élèves qui préféraient des modes d’activités plus pédagogiques et centrés sur leurs expériences. Cela renforçait par contre les motivations extrinsèques pour la recherche de performance plutôt que pour l’apprentissage tandis que les élèves faisaient preuve de plus d’anxiété tout en étant conscients que ces résultats aux tests étaient loin de représenter ce qu’ils comprenaient et étaient capables de faire.

Sans surprise, l’engagement des élèves, l’auto-efficacité, et l’effort augmentent dans la classe quand les enseignants encouragent l’auto-apprentissage et mobilisent les élèves en leur offrant des choix et des possibilités de coopérer tous ensemble. Dans ces classes, le retour d’information efficace (feedback) aide à augmenter la motivation des élèves pour apprendre. Ce retour d’information correspond à une implication dans des tâches et non à une évaluation individuelle de l’élève, il est orienté vers l’apprentissage et non la recherche d’une performance.

Une seconde revue systématique a permis de synthétiser 23 études conduites majoritairement en Angleterre et aux Etats-Unis en impliquant des élèves âgés de 4 à 18 ans. La plupart de ces études s’intéressaient aux pratiques effectives d’évaluation sommative dans la classe, et elles cherchaient à établir des preuves des impacts bénéfiques ou négatifs de certaines pratiques, notamment en termes de relations avec les élèves, de charge de travail, ou des questions de fiabilité ou de qualité de ces évaluations. Les principes résultats ont dégagé deux conclusions importantes dans l’usage des évaluations sommatives : l’impact sur les élèves, et l’impact sur les enseignants et les contenus scolaires.

Quand les enseignants utilisent les évaluations sommatives pour des buts extérieurs comme la certification, la sélection, ou l’obligation de rendre compte, les élèves bénéficient de meilleures descriptions et exemples qui les aident à comprendre les critères d’évaluation et ce qui est attendu d’eux. Les élèves les plus âgés répondent positivement à l’évaluation sommative dans leur travail scolaire, ils trouvent ce travail motivant, et sont capables d’apprendre pendant le processus d’apprentissage. L’impact de l’usage d’évaluations externes dépend de la façon dont les enseignants utilisent les résultats pour réorienter leur action et les conditions d’apprentissage des élèves. Quand les enseignants utilisent les évaluations sommatives pour des buts internes comme noter régulièrement les élèves, informer les décisions concernant leurs choix dans l’établissement scolaire, rendre compte aux parents d’élèves, le retour d’information détaché de tout jugement motive les élèves pour plus d’efforts. Dans la même veine, l’utilisation des notes pour des récompenses et des punitions décroît la motivation des élèves pour apprendre et endommage les apprentissages eux-mêmes.

Les enseignants diffèrent dans leur réponse et leur rôle d’évaluateur et l’approche qu’ils choisissent pour interpréter les critères des évaluations externes. Ceux qui valorisent et adhèrent fortement à ces critères extérieurs ont tendance à se sentir moins concernés par les élèves comme individus. Quand ces évaluations sont proches d’un contrôle externe, les enseignants peuvent ne pas chercher à obtenir des détails sur les connaissances des élèves. Quand les enseignants créent des évaluations pour des buts internes, ils ont besoin d’occasions pour partager et développer leur compréhension des procédures d’évaluation dans leur établissement et avec d’autres établissements. Les enseignants tirent donc des bénéfices d’être exposés à des stratégies d’évaluation qui nécessitent que les élèves réfléchissent plus profondément. L’emploi de ces stratégies favorise des changements dans l’enseignement, qui élargissent les expériences d’apprentissage des élèves. Ces nouvelles pratiques d’évaluation ont plus de chances d’avoir un impact positif sur l’enseignement quand les enseignants reconnaissent que ces stratégies les aident davantage à apprendre davantage de leurs élèves et à développer une compréhension plus poussée des objectifs liés aux contenus scolaires. Une importance particulière doit être donnée au partage des critères d’évaluation dans la classe. Quand ils sont présents, ils exercent une influence positive sur les élèves et l’enseignement. En l’absence de critères partagés, néanmoins, il y a éanmoins un petit effet positif sur l’enseignement mais un petit effet négatif sur les élèves. Finalement, l’usage des tests peut influencer l’usage interne de l’évaluation par les enseignants en la réduisant à des tâches routinières qui restreignent les possibilités d’apprentissage offertes aux élèves.

Source :

https://www.cfcpe-edu.org/leffet-des-evaluations-sommatives-sur-les-eleves-et-lenseignement-un-etat-des-lieux-de-la-recherche-internationale

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