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  • Photo du rédacteurRomuald Normand

L’enseignement des sciences à Singapour


A Singapour, de nouveaux programmes scolaires en sciences ont été mis en œuvre depuis l’indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne. Depuis 2013, l’enseignement se centre sur les compétences pour le XXIe siècle et la littératie scientifique en renouvelant les modes d’évaluation et les conditions d’apprentissage. L’idée est de cultiver chez les élèves la perception des sciences en les engageant dans des questions scientifiques en lien avec leur expérience dans la société et l’environnement. Il s’agit d’aider les élèves à conduire une enquête scientifique leur permettant d’acquérir des connaissances, de développer des compétences, mais aussi d’étudier les pratiques scientifiques.

Le nouveau programme d’enseignement des sciences du ministère de l’éducation stipule qu’il faut :

  • Cultiver la perception des sciences par les élèves comme un effort collectif et une façon de penser plutôt que comme un ensemble de faits. Cela implique que l’étude et la pratique des sciences soient des activités cumulatives et coopératives. Ces activités sont sujettes aux influences et limites sociales, économiques, technologiques, éthiques et culturelles. De plus, il faut enseigner aux élèves que l’applications des sciences sont généralement bénéfiques, mais que l’abus des connaissances scientifiques peut être préjudiciable

  • Engager les élèves dans les questions scientifiques qui concernent leur vie, la société et l’environnement. Ce implique de stimuler la curiosité des élèves, leur intérêt, et leur plaisir dans les sciences et les choses liées aux sciences et à la technologie comme de développer leur intérêt et leur attention pour l’environnement

  • Aider les élèves à développer les domaines qui sont parties intégrantes de la conduite d’une enquête scientifique. Cela comprend a) l’acquisition des connaissances et la compréhension pour devenir des citoyens confiants dans le monde technologique et pour d’autres études b) le développement des compétences et des capacités et c) le développement des attributs pertinents pour l’étude et/ou la pratique des sciences

Pour cultiver cet esprit scientifique, et évaluer les compétences du XXIe siècle, des évaluations de performance ont été mises en œuvre dans les établissements scolaires. 30 à 40% d’entre elles évaluent les compétences des élèves de manière variée : à travers des projets, des exercices pratiques, des observations de l’enseignant, des réflexions des élèves et la rédaction d’un carnet, la confection d’un modèle, des débats, des pièces de théâtre, des récits, etc. D’un autre côté, les questions aux tests basés sur des situations du monde réel concernent les sciences dans la vie quotidienne, dans la société, et l’environnement.

Au niveau du collège, les contenus scolaires visent à introduire l’enquête scientifique à travers trois domaines : les connaissances, la compréhension, et l’application ; les compétences et les processus ; l’éthique et les attitudes. Les approches de l’enseignement et des apprentissages doivent servir aussi à introduire un esprit tourné vers l’enquête scientifique. Pour cela, des programmes ont été introduits depuis 2003 dans les établissements comme « Penser l’école, apprendre la Nation »et « Enseigner moins, apprendre plus ». Cela aide les élèves à être engagés activement dans les apprentissages à travers un tutorat entre pairs, des discussions dans la classe, des approches d’enquête ouverte. Au niveau du lycée, les situations expérimentales sont privilégiées afin d’acquérir des compétences dans la précision, l’objectivité, l’enquête, mai aussi l’initiative, l’inventivité, la coopération et la communication entre pairs.

Source : Kim, Y., Chu, H. E., & Lim, G. (2015). Science curriculum changes and STEM education in East Asia. In Science Education in East Asia (pp. 149-226). Springer International Publishing.


Dans la série des posts sur Singapour:

L’éducation à Singapour a toujours été étroitement liée aux impératifs économiques et sociétaux. Pour avoir une meilleure appréciation des phases de carrière des chefs d’établissement dans le système éducatif de Singapour, il est nécessaire de définir l’évolution des paradigmes de l’éducation au cours des 50 dernières années depuis l’indépendance de Singapour en 1965. Historiquement, Singapour était une colonie commerciale britannique de 1819 à 1940 avant d’être sous l’occupation japonaise de 1941 à 1945. Les développements du système éducatif à Singapour (I)Lorsque Singapour est devenue indépendante en 1965, le nouveau gouvernement s'est lancé dans une mission urgente : rassembler des gens de langue et de religion diverses pour entamer le processus de construction de la nation. Les défis étaient alors multiples, notamment le manque de ressources naturelles, l'absence de commerce d'exportation, le manque de main-d'œuvre qualifiée et un faible niveau d'instruction et de compétences. Il était alors urgent dans le système éducatif de fusionner les filières d'enseignement en un seul système national.

Phase trois : une politique éducative centrée sur les compétences (1997-2011) Cette phase correspond au passage d'une éducation centrée sur l'efficacité à celle d'un paradigme éducatif centré sur les compétences. Vers la fin des années 1990, plusieurs stratégies clés ont été mises en oeuvre. La plus importante est le lancement en 1997 par le ministère de l'Éducation d’un slogan " Penser les écoles, nation apprenante " avec l’objectif d'orienter le système éducatif afin de développer une société innovante pour le nouveau millénaire.

Phase quatre : une politique centrée sur l'élève et guidée par des valeurs (2012-aujourd'hui) Après le discours historique de l'ancien ministre de l'Éducation Heng en 2012, l'accent a été mis sur la nécessité de rééquilibrer les priorités éducatives. Pour atténuer les problèmes découlant de l'insistance jugée malsaine sur les résultats scolaires, le classement annuel des écoles a été supprimé et il a été décidé ne pas rendre public les scores les plus élevés et les plus faibles aux examens nationaux.

A Singapour, beaucoup de conseils et d’associations ont travaillé avec le gouvernement, comme avec le Conseil National de la Recherche, pour mettre en œuvre un projet de développement des compétences à l’enseignement et l’évaluation pour les enseignants au XXIe siècle. Le cadre élaboré donne une place fondamentale à trois domaines de compétences : cognitives, interpersonnelles, et interpersonnelles, notamment pour cette dernière les compétences à collaborer et à communiquer verbalement et visuellement. Il définit aussi des compétences que l’élève doit posséder pour devenir une personne confiante, un apprenant auto-dirigé, un contributeur actif, et un citoyen concerné.

L’Asie possède une longue tradition d’usage des examens pour sélectionner ses fonctionnaires et aussi les talents au sein de différentes professions. La Chine fut le premier pays à utiliser les tests pour sélectionner ses fonctionnaires et les examens impériaux ont été très tôt associés à la formation d’une élite. Ce modèle s’est diffusé auprès d’autres pays comme le Vietnam, la Corée ou le Japon qui dont adoptés aussi des principes confucéens. Comme les pays anglo-saxons, ces pays ont engagé depuis plusieurs décennies des réformes pour évaluer les élèves.

A Singapour, de nouveaux programmes scolaires en sciences ont été mis en œuvre depuis l’indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne. Depuis 2013, l’enseignement se centre sur les compétences pour le XXIe siècle et la littératie scientifique en renouvelant les modes d’évaluation et les conditions d’apprentissage. L’idée est de cultiver chez les élèves la perception des sciences en les engageant dans des questions scientifiques en lien avec leur expérience dans la société et l’environnement. I

A Singapour, une bureaucratie centralisée s’exerce sur le système éducatif comme autorité centrale qui maintient un système d’évaluation centralisé et planifié appliqué à l’ensemble des établissements scolaires. Ce cadre commun est géré par une direction de l’évaluation au sein du ministère de l’éducation. Les élèves passent les mêmes examens nationaux sans considération de leur statut ethnique ou socio-économique. Leur réussite et leur accès dans l’enseignement supérieur sont évalués au regard de ces examens selon une conception méritocratique. Le ministère a toutefois cherché à développer de nouvelles pratiques d’évaluation dans les classes pour « enseigner moins, et apprendre davantage »

Le ministère de l’éducation à Singapour encourage et soutient chaque établissement scolaire pour qu’il devienne une communauté d’apprentissage professionnel respectant les caractéristiques suivantes : un leadership partagé et accompagnateur, une vision scolaire, des missions, des valeurs et des buts, une orientation vers l’action et l’expérimentation, une forte culture de l’apprentissage et de l’enquête, une communauté fondée sur la confiance et l’engagement, et de bonnes conditions d’accompagnement.

Faisant suite au discours du premier ministre singapourien « Enseignez moins, apprendre davantage », le ministère de l'éducation a créé un comité de pilotage pour explorer la manière dont il pouvait mettre en œuvre ces objectifs. L'équipe a consulté beaucoup d'enseignants, chefs d'établissement, formateurs à l’Institut National d’Education. Elle a organisé des voyages de mission dans différents pays. Entre 2004 et 2007, cette large consultation a permis au comité de traduire les objectifs en trois cadres opérationnels. Un premier cadre intitulé « Enseignez moins, apprendre plus », une boite à outils « Démarrez ! », et le cadre PETALS. Ces cadres ont permis de traduire les attentes générales

Pour accompagner la vision “Enseigner moins, apprendre davantage », tous les enseignants à Singapour ont pu bénéficier de 100 heures de formation et de cours leur permettant de mettre à niveau leurs connaissances et compétences. Ce développement professionnel est financé par le ministère de l’éducation pour soutenir les trajectoires professionnelles des enseignants selon un système de management et d’évaluation de la performance qui conduit à distinguer les enseignants selon la qualité de leur enseignement, leur degré d’expertise et leur leadership.

Le cadre EPIIC utilisé à Singapour vise à développer la formation des enseignants pour qu’ils développent leurs compétences expérientielles (E), participatives (P), fondées sur l’enquête (I-Inquiry-based), riches en images (Image-Rich), connectées (C). Expérience Le modèle EPIIC s’appuie sur une conception de l’apprentissage expérientiel à travers lequel les enseignants chinois doivent développer une expérimentation active et une observation réflexive. Il s’agit moins d’apprendre de l’expérience que d’apprendre en réfléchissant à l’expérience.

A Singapour, l’Institut National de l’Education a conçu un E-portfolio inscrit dans un programme d’enquête sur la pratique professionnelle pour les futurs enseignants. Il doit les aider à; 1) s’approprier leur apprentissage et le mettre au service de leur enseignant tout en se développant eux-mêmes; 2) cristalliser l’identité enseignante autour de valeurs clés sur l’enseignement et la manière d’être enseignant; 3) construire une carte conceptuelle de ce qu’il apprend et enseigne sous l’égide de l’Institut afin d’avoir une approche intégrée; 4) enquêter sur sa propre pratique pour développer sa capacité à utiliser la recherche et la théorie pour approfondir ses connaissances

En 1997, Le ministre Go à Singapour prononçait un discours sur le thème « Penser les écoles, Une nation apprenante » qui faisait suite à une publication de 1987 « Vers l'excellence en éducation », laquelle avait marqué le début des réformes de l'éducation singapourienne en réponse aux enjeux de la globalisation. S’était amorcé un processus de décentralisation donnant plus d’autonomie au niveau des établissements scolaires avec la création d’unités éducatives autonomes. Ce mouvement a donné plus de liberté pédagogique aux établissements en leur permettant de mieux s’adapter localement. Le mouvement a été renforcé par l’initiative gouvernementale « Enseigner moins, apprendre davantage ».

Au cours des dernières années, de nouveaux programmes scolaires ont été mis en œuvre à Singapour pour l’enseignement des mathématiques. Le cadre curriculaire a été mis en œuvre pour l’enseignement primaire et secondaire en 2007 et il a fait l’objet d’une révision en 2013. Il est aligné sur les niveaux requis pour l’examen de Cambridge. L’objectif est d’aborder de nombreux aspects des mathématiques dans les activités quotidiennes des élèves, comme donner du sens à l’information dans les journaux jusqu’à prendre des décisions informées sur la gestion de ses finances personnelles.

En 2012, le ministère de l'Éducation de Singapour a annoncé que le pays avait atteint son objectif de 33 000 enseignants, soit trois ans plus tôt que prévu. Il s'agit là d'une nouvelle étape dans le parcours de la nation, qui est passée d'une " éducation axée sur la survie " à une éducation axée sur les compétences ". Le paradigme actuel qui régit les pratiques et l'innovation en matière d'éducation à Singapour met l'accent sur " une éducation centrée sur l'élève et axée sur les valeurs". Elle repose sur " la conviction profonde que chaque enfant peut apprendre - non seulement à l'école mais pour le reste de sa vie ".

A Singapour, le parcours universitaire est l’une des voies les plus usuelles pour le développement des connaissances et compétences des enseignants par une préparation supplémentaire et des cours théoriques au niveau master et doctorat. Pour cela, ont été créées plusieurs filières pour soutenir les études supérieures des cadres intermédiaires des établissements scolaires. Premièrement, en juillet 2007, l'Institut National de l'Education (NIE) a lancé le programme Management and Leadership dans les Etablissements Scolaires (MLS).

Le parcours à l’échelle de l’établissement scolaire est la réponse apportée par les autorités de Singapour à la gestion des ressources humaines parmi les enseignants pour que les enseignants expérimentés connaissent une progression de carrière sans pour autant quitter la classe. Bien sûr, l’attachement de la carrière à une rémunération au mérite demeure une question controversée parce qu’on ne sait pas très bien comment mesurer le mérite.

Le parcours ministériel ne doit pas être considérée comme un parcours distinct du leadership pour le personnel enseignant, mais plutôt comme un élément du continuum dans les voies d’accès au leadership. Ainsi, les enseignants qui suivent ce parcours viennent généralement de l'une des deux autres parcours décrits dans les posts précédents.

Pour accompagner la vision “Enseigner moins, apprendre davantage », tous les enseignants à Singapour ont pu bénéficier de 100 heures de formation et de cours leur permettant de mettre à niveau leurs connaissances et compétences. Ce développement professionnel est financé par le ministère de l’éducation pour soutenir les trajectoires professionnelles des enseignants selon un système de management et d’évaluation de la performance qui conduit à distinguer les enseignants selon la qualité de leur enseignement, leur degré d’expertise et leur leadership.

Malgré les multiples initiatives de réforme visant à encourager la vision pédagogique du « enseigner moins, apprendre davantage », la pratique pédagogique dans les salles de classe de Singapour est restée traditionnelle, largement axée sur l'enseignement du contenu des programmes et la performance aux examens. Il y a très peu de preuves d'un enseignement réflexif, utilisant de manière significative les TIC, centré sur l’apprentissage des élèves. Cela ne signifie pas pour autant qu'il n'y a pas eu d'innovations dans les programmes scolaires. En fait, au cours des dernières années, a été mise en oeuvre une vague d'innovations curriculaires et pédagogiques dans un grand nombre d'écoles

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